Les sociétés ont de tout temps inventé de nouvelles cités : les bastides du Sud Ouest, Madrid, Brasilia, les villes nouvelles de l’Ile de France. Aujourd’hui on développe des villes intelligentes ou smart cities. Outre qu’elles le valent bien, qu’ont-elles de plus que les autres ? Et que peuvent-elles apporter au tourisme ?
Alors que le Blog etourisme.info est en grande partie au Québec cette semaine pour les #FQ3 avec nos amis pros du tourisme québécois et de l’UQAM, voici une bonne raison de faire un point sur le sujet car la ville de Montréal s’est engagé elle aussi dans le sujet.
Ce mouvement s’insère dans la participation directe des habitants, comme le font les villes de Saint Louis ou Chicago aux Etats-Unis, mais aussi dans la connexion numérique permettant la simplification de la vie collective quotidienne, comme Santander en Espagne ou Songdo en Corée du Sud.
Tout d’abord, une définition : une ville est intelligente (personne n’a trouvé de ville bête :)) quand les infrastructures et les flux qui les animent sont communicantes et durables, pour être plus performantes. 3 critères caractérisent les villes intelligentes en France (bon article sur Wikipedia) :
- une relation usager interactive et mobile : interactions entre consommateurs producteurs d’informations (l’aura numérique) via les réseaux sociaux et les services mobiles
- une supervision optimisée de la ville : infrastructures connectées via le numérique, avec pilotage fin autorisant des ajustements rapides
- une nouvelle manière de coopérer : on évite les silos, on préfère les projets transversaux entre les différentes compétences institutionnelles et privées
Pour explorer le sujet, je vous invite à découvrir ce dossier consacré à la ville du futur sur Arte, et particulièrement à visionner cette rapide interview de Michael Schindhelm qui nous rappelle que l’important dans une ville, ce sont d’abord ses habitants, permanents ou touristes. L’implication des acteurs culturels et donc du tourisme dans le sens de la ville devrait s’accroître. Et cet article de la Gazette des Communes souligne aussi l’esprit bazar des villes, des processus sociaux informels sont à l’oeuvre et le numérique peut servir des causes pour peu qu’une intelligence collective soit à l’oeuvre. Ce rapport d’un organisme entrepreneurial organise en 10 chapitres les actions marquant un processus d’évolution vers un concept de ville intelligente, dont l’ouverture des données, l’implication directe des habitants et des entreprises, permettre la mobilité tout en limitant le stress et la congestion des déplacements. Enfin, notez que le lundi 23 juin à Paris, se tiendra un colloque international sur le sujet, Live in a living city, dont RFI est partenaire.
Une illustration probante des révolutions à l’oeuvre a été réalisée par SFR dans son approche ville-numérique. Par exemple, la ville connectée s’appuie sur des transports 3.0, les conditions de transport étant affectées par l’économie collaborative : Buzzcar, Blablacar, Autolib… en sont des exemples. Dans le tourisme institutionnel local, de nouvelles relations avec les résidents sont à concevoir dans cet esprit, sur la mobilité et les transports, sur les consommations énergétiques via des outils de régulation selon l’évolution de la population (impacts de la saisonnalité), sur l’économie et l’emploi via des tiers lieux connectés par exemple, sur les données pour suivre les mouvements touristiques et les anticiper (l’Internet de séjour participera à terme de ce mouvement). Vous pouvez suivre et participer au projet de documentaire consacré aux villes collaboratives dans différents endroits du monde : collaborative-cities.com.
A Santander, la collectivité s’emploie à utiliser des solutions numériques pour réaliser une gestion coordonnée et intégrale de la cité. Le nom de l’opération SmartSantander implique la ville, l’université, l’Europe et de grands opérateurs technologiques comme Telefonica. Première démarche entreprise, l’insertion de 1300 capteurs, sur un total à venir de 20 000 (capteurs dans l’asphalte, caméras…) qui connectés à un cerveau collectif permettent de gérer la circulation et les flux vers les spots touristiques, bien entendu les mobinautes reçoivent des suggestions. Un wifi municipal est installé dans le centre urbain à cet effet. Un point synthétique est proposé en espagnol et anglais sur mobileworldcapital.
Installée sur les bords de la mer Jaune, proche de Séoul et de son aéroport international Incheon, Sondgo se revendique comme étant la ville 100% connectée.
A Songdo, ville de 70 000 habitants créée en 2005, pour un investissement évalué à 40 milliards de dollars, on revendique une numérisation totale (article documenté de Worldfinance.com) : wifi gratuit partout, gestion souterraine des déchets, contrôles numériques des visiteurs dans les appartements avec mise en oeuvre d’une domotique made in Corée, mix travail et loisirs avec l’installation d’entreprises et start-up, notamment soutenues par Cisco, pour preuve création ici de Kakaotalk, le réseau de messagerie qui a convaincu plus de 100 millions d’utilisateurs, ou Enswers, le Shazam de reconnaissance de vidéos… Mais comble de malchance, ce qui devait être une vitrine mondiale, ouverture sur l’arrivée de chercheurs et entrepreneurs étrangers, n’a pas décollé comme espéré. Il semble qu’on y ait oublié le fameux bazar urbain et humain qui fait la maille dans les cités. Comme quoi, l’office de tourisme peut et probablement devenir le spécialiste de la maïeutique des villes intelligentes.