Quand la boutique de l’office joue en local

Publié le 6 janvier 2020
4 min

Dans les récents échanges que j’ai eu avec de nombreux offices de tourisme autour de leur engagement pour un développement durable, on parle beaucoup de boutique. Pourquoi ? parce que les objets vendus aux visiteurs dans les boutiques de nos lieux d’accueil sont rarement réfléchis d’un point de vue de la durabilité. Prenons les best-of des ventes : le mug? fabrication chinoise. Le dé à coudre? pas souvent local. La boule à neige? importation garantie…

Pourtant, il existe des initiatives qui montrent qu’une boutique d’Office de Tourisme, tout en étant rentable, peut contribuer au développement économique local, et mettre en avant des savoir-faire locaux.

Voici donc deux exemples au Cap-Ferret, en Gironde, et à Montbéliard, dans le Doubs.

 

Mazette, la boutique office

Au Cap-Ferret, station balnéaire chic du Bassin d’Arcachon, l’Office de Tourisme n’est pas novice dans la gestion de boutiques. La strucutre gère le phare du Cap-Ferret, incontournable lieu de visite local, et y a installé une boutique qui génère près de 250 000 euros de chiffres d’affaires par an.

Aussi, lorsque la possibilité de réaménager un des bureaux d’accueil de la station en disposant d’un espace supplémentaire, Pascale Lassus Portarieu, directrice de l’office a réfléchi à un concept : faire un office de tourisme boutique. C’est ainsi qu’est née Mazette, « une boutique de souvenirs pas comme les autres avec de jolies « bricolettes » imaginées, par l’Office de Tourisme, créées pour la maison et inspirées par la Presqu’île, nature, élégante, inoubliable. » Il y a certes des informations touristiques dans ce lieu, mais la majorité de l’espace est consacrée à la boutique. Un véritable concept, avec même un journal consacrée à l’actu de la boutique

Le plus intéressant dans l’histoire est l’origine des produits : plus de 80 références sont présentes autour de plusieurs univers « utiles et futiles » : les arts de la table, la beauté, la maison, et même les bébés. Le travail de sourcing de la directrice a été essentiel pour trouver des fournisseurs locaux en priorité, et sinon nationaux. Ici, même les boules à neige sont françaises ! De nombreux produits (arts de la table, bijoux, textiles) sont même fabriqués sur le bassin d’Arcachon. Au final, les prix sont abordables, malgré une marge correcte de l’office de tourisme

Une histoire de développement local

Mazette, c’est aussi de l’économie en circuit court et de belles rencontres. Dans le cadre de la marque territoriale du Bassin d’Arcachon (BA’), les différents ambassadeurs utilisant et promouvant la marque se rencontrent régulièrement. C’est ainsi que, comme le raconte la vidéo ci-dessous, la directrice de l’Office a rencontré une pâtissière du bassin et une animatrice d’un Fablab local. Production de moule à l’emblème du Cap-Ferret au FabLab, fabrication des gâteaux secs à la patisserie et vente à la boutique de l’office : le circuit court en action!

La verquelure de Montbéliard

L’histoire du renouveau d’une tradition franc-comtoise nous a été racontée par Deborah Reichert, directrice de l’Office de Tourisme du Pays de Montbeliard. Il y a un an et demi, à l’occasion du réaménagement de l’office de tourisme, il est décidé de faire avec l’équipe une journée « brainstorming boutique ». Fruit de la réflexion, et d’une visite d’une boutique voisine à l’office de Mulhouse : nous voulons un produit 100% local. Et là, quelqu’un se rappelle de la verquelure.
De quoi s’agît-il? La verquelure, connue depuis le Moyen Âge, est un tissu de chanvre typique du pays de Montbéliard. A cette époque, chaque maison du pays avait du chanvre au fond du jardin pour produire ce tissu à carreaux, mélange de coton et chanvre.


Bonne idée, mais premier problème technique : il n’y a plus de producteur de verquelure sur le territoire. Deborah trouve alors un artisan qui possède une machine du 18ème et qui est d’accord pour se lancer dans l’aventure. Puis ce sera la rencontre avec une association locale qui fournit 15 couturières bénévoles pour faire les premiers modèles. Enfin, un partenariat avec un lycée professionnel local permet de compléter la collection.

La verquelure fait son apparition à la boutique de l’Office de Tourisme au marché de Noël : en un mois, les 1250m de tissu produits sont vendus pour un chiffre d’affaires de 25000 euros !

A l’heure du bilan, tout les partenaires sont repartants pour instituer la fabrication de ce tissu identitaire. Une plateforme de réinsertion locale, soutenue par le lycée professionnel se lance dans l’aventure : 6 emplois aidés sont créés pour produire des articles en verquelure. Un projet “exemplaire”, dira le ministre de l’éducation nationale en visite dans le Doubs.

Pour Noël 2020, Deborah et son équipe disposait du double de stock de tissu à vendre dans leur boutique. Une affaire qui roule!

Ces deux exemples réjouissants en début d’année montrent que les Offices de Tourisme peuvent être de vrais acteurs de développement durable local.

Sans doute avez -vous d’autres exemples?

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Jean Luc Boulin est consultant en tourisme : Intervention auprès des élus et des prestataires touristiques, coaching, accompagnement des équipes et des directions sont ses principaux champs d'intervention. Avec deux exigences : se mettre à la place du client et oser l'innovation. Directeur de l’office de tourisme de l’Entre-deux-Mers (Gironde) et du pays d’accueil touristique du même nom pendant plus de dix ans, Jean Luc Boulin a dirigé la MONA [...]
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