Comme il y a quasiment 10 ans jour pour jour dans cet article, je suis allé faire un tour en philosophie pour éclairer le vaste sujet de l’avenir des offices de tourisme. Joli paradoxe apparent que de chercher 2400 ans en arrière quelques idées forces pour imaginer le futur… Même pas peur !
Admirez la belle équipe de la philosophie grecque peinte par Raphaël durant la renaissance ! Et plus particulièrement le n° 15, Aristote. En effet, c’est à lui que l’on doit la théorie des « quatre causes » qui structurent « l’enquête philosophique » nécessaire la compréhension de toute chose : la cause matérielle, la cause formelle, la cause efficiente, la cause finale… comme l’explique parfaitement l’article de Wikipedia.
Aristote envisageait la cause finale comme la plus importante, la plus déterminante pour expliquer et comprendre.
Pour notre sujet, on peut hardiment poser par analogie que cette « cause finale » représente la raison d’être, la finalité ou le dessein… et force est de constater que cette cause a bien évolué au gré des évolutions sociétales et techniques depuis la fin du XIXè siècle, date de naissance des offices de tourisme.
Aujourd’hui, « l’objet » office de tourisme semble difficile à cerner tant ses déclinaisons sont variées en fonction des contextes locaux en termes de touristicité et de politique locale. Cette situation reflète la grande diversité des « causes finales » qui vont de l’animation de la vie locale à la vente de séjour, du renseignement au partage d’expériences, etc.
D’où une difficulté certaine pour modéliser le futur office de tourisme. Pour preuve la commission prospective d’Offices de Tourisme de France a présenté le fruit de ces travaux sous la forme de 10 scénarios bien différents, reflétant autant de « causes finales » ! (à voir et revoir sur le site dédié)
En passant, cette multiplication des modèles questionne forcément sur la pertinence d’une appellation commune. Autrement dit, il conviendra sans doute rapidement d’abandonner l’appellation « Office de Tourisme » et sa connotation un peu désuète comme semble le prouver l’enquête de la commission prospective, pour des appellations plus en phase avec les nouvelles « causes finales » et donc plus claires pour les visiteurs. Le débat devrait s’engager et nous nous en ferons l’écho dans ce blog.
En tout cas, il semble également bien difficile de définir à l’échelle des réseaux d’OT des actions collectives pour accompagner les offices dans les profondes mutations voire les transmutations à venir.
Lors de l’une de leurs réunions régulières que j’ai eu le plaisir d’animer, les directeurs des offices de tourisme alsaciens ont réfléchi sur les thèmes de formation à promouvoir pour les années futures. Se questionner sur les formations impose de se questionner sur les compétences à intégrer ou à améliorer… ce qui implique d’imaginer les missions majeures à accomplir… ce qui interroge sur les fameuses « causes finales » !
Ce groupe de 16 valeureux directeurs d’OT alsaciens1 a fourmillé d’idées lors d’un joyeux et fécond remue-méninges pour dégager les missions jugées déterminantes pour l’avenir. Compte tenu des 10 scénarios proposés par OTF, on pouvait craindre un éparpillement sur des missions très variées. Et bien non, le résultat collectif et consensuel fut net et sans bavure. 3 missions sont ressorties de manière très forte :
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le design d’offre -> stimuler et/ou produire une offre donnant de la substance et du sens au positionnement de la destination ;
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le marketing territorial -> participer ou initier le marketing territorial de la destination, capitaliser sur la marque-destination et travailler la fidélisation, travailler sur l’attractivité globale ;
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la communauté d’accueillants -> mobiliser et animer une communauté d’habitants et de prestataires pour développer l’esprit d’accueil dans une logique d’accueil global.
Franchement je ne m’attendais pas à un résultat si percutant. Ces 3 missions essentielles proposent de nouvelles « causes finales » qui me semblent à la fois ambitieuses, pertinentes et enrichissantes. Leur mise en œuvre opérationnelle devra se décliner au cas par cas selon les contextes locaux (les fameuses destinations) et sans doute autour des 10 scénarios imaginés par la commission prospective. Bien sûr on en profitera pour imaginer et favoriser des expérimentations en tout genre, en surfant sur l’ambiance « innovante » de tous les schémas territoriaux du tourisme 😉 (voir l’article de Brice Duthion sur le sujet).
Et pour ne pas s’arrêter en si bon chemin, 20 « stagiaires commandos » issus des plus dynamiques OT alsaciens, sont réunis en conclave à La Bresse jusqu’à mercredi dans le cadre d’une formation-action. Ils ont pour mission d’imaginer de manière concrète et opérationnelle ces 3 missions et en déduire les métiers et compétences nécessaires. De là naîtront, je l’espère, 3 nouveaux parcours de formation pour permettre aux OT d’appréhender les changements avec sérénité et ambition !
1 Les 16 directeurs d’OT : Marie BAUMGARTNER (Sauer-Pechelbronn), Christophe BERGAMINI (Kaysersberg), Nicole BÉZU (Munster), Aurélie CHEVASSUS (Grand Ried), Isabelle FERREIRA (Sélestat), Brigitte FRISON (Wissembourg), Marie GARCIN-ZAITER (Mulhouse), Marie-Pierre GHYS (Neuf Brisach), Audrey JEHL (Villé), Marie-Pierre KASTLER (Suisse Alsace), Annette KOEHLER (Seltz-Lauterbourg), Marie-Hélène MATTERN (Kochersberg), Anne MEYER (Barr-Bernstein), Anne-Catherine OSTERTAG (Vallée de la Bruche), Martine SALOMÉ (Niederbronn-les-Bains), Christelle SCHWEBEL (Rosheim)