Pendant vos vacances, êtes-vous de ceux qui ne peuvent s’empêcher de passer au crible ce que vous vivez dans le regard du professionnel du tourisme que vous êtes ? Si oui, il y a fort à parier, que des pépites se cachent dans vos observations et qu’il serait dommage de les garder pour vous ou pour votre binôme à la machine à café.
Alors comment récolter cette matière pour en faire une source de connaissance et d’inspiration pour vos futures actions 2024 ? Quels sont les bénéfices qu’on peut en tirer ? Et concrètement, comment mettre en place ces conversations ?
On a parfois oublié que pour se mettre en mouvement, l’idéal est de puiser dans un profond désir d’y aller. Or les défis à relever aujourd’hui demandent un engagement encore plus grand et plus fort de la part de chacun. Et il est plus facile d’engager des actions quand elles font sens pour nous et qu’elles sont en accord avec nos valeurs.
En bref cette proposition de conversation est faite pour tous ceux et celles qui aiment les vacances et qui aiment en parler 🙂 .
une conversation ensoleillee engagée
Imaginez maintenant que nous organisions ce temps de conversation ensemble. Nous serions installés dans un joli espace avec un bon jus de fruits frais et quelques pâtisseries orientales (j’ai un faible pour la fleur d’oranger 🙂 ). Vous auriez préparé quelques questions ouvertes sur le sujet des vacances en famille pour guider la conversation.
En guise de mise en bouche, vous me demanderiez le contexte de mes vacances et je vous répondrais en quelques mots « Alpes – Famille – Lac – Tente ». Et vous commenceriez à me questionner, en gardant cet esprit de curiosité, sur les raisons de ce choix de destination et si elle avait été à la hauteur de mes espérances, et je vous répondrais que oui et même au delà.
Vous m’auriez demandé ce qui m’a le plus touché pendant ces vacances ? Je vous aurais d’abord raconté mon attention forte aux personnes chargées d’accueil et du constat que les conditions ne sont pas toujours réunies pour leur permettre de bien accueillir (choix du lieu, aménagement des espaces, choix du profil…). Mais que j’avais reçu un accueil très professionnel à l’office de tourisme et que cela avait fait ma journée 🙂 .
Et j’aurais enchainé sur le sujet de l’imaginaire autour des vacances en famille véhiculé sur les outils de communication, qui est parfois assez éloigné de la réalité. Partir en vacances en famille, c’est vivre plein de moments de bonheur mais c’est aussi passer par des moments de tension. Le rôle de parents ne s’arrête en effet pas quand on est vacances. C’est un grand privilège de pouvoir partir en vacances. Mais il pourrait être intéressant de raconter une histoire moins emplie de perfection qui diminuerait la pression à atteindre cet idéal de vacances.
Et puis, vous m’auriez demandé ce qui m’a le plus frustré ? Je vous partagerais mon casse-tête à tenter de continuer d’avoir une alimentation locale, bonne et saine alors même qu’on ne connait pas tous les codes de la destination pour s’approvisionner. La liste des marchés et des producteurs locaux n’ayant pas suffit à m’aider à faire ce pas.
Et cela serait à votre tour de répondre à mes questions. Nous terminerions la conversation en partageant ce que cette discussion nous a apportés.
Imaginez maintenant, que l’on puisse élargir cette conversation à vos collègues, à vos partenaires, à votre conseil d’administration….Imaginez tout ce que l’on pourrait récolter comme informations en questionnant, en écoutant véritablement au delà des aprioris et en additionnant toutes ces informations….
pret-e a passer le pas des conversations engagees
Les conversations sont au cœur de notre quotidien, qu’elles soient professionnelles ou personnelles et pourtant nous aurions tellement à gagner à les utiliser autrement.
Qu’a-t-on à gagner à faire le choix d’impulser ces conversations ?
. S’ancrer dans la réalité de chacun. En utilisant le « je » pour évoquer sa propre expérience, on évite « les suppositions faites sur les autres, les généralités, les concepts… »
. S’appuyer naturellement sur les valeurs de chacun. En parlant de sa propre expérience, c’est tout naturellement qu’on évoquera ce qui fait sens pour soi et il y a de fortes chances, qu’on soit au bon endroit ensuite pour agir.
. Provoquer un enrichissement mutuel. Ecouter le récit des autres au delà de ses propres aprioris est une véritable source d’information et d’ouverture pour comprendre d’autres pratiques, habitudes et ressentis.
. Offrir un espace temps positif et convivial. Mettre l’expérience de chacun au cœur des conversations permet d’encourager la capacité à prendre de la hauteur et à mobiliser sa créativité pour créer un futur qui fait sens.
Ce qu’on a besoin de faire grandir :
.Modifier notre regard sur les conversations. On a peu été habitué à engager des conversations qui n’ont pour autre but que de discuter ensemble. Il y a un sentiment de perte de temps. Mais c’est justement au cœur de ces moments, qu’on va récolter une matière riche et qu’on va faire naître des envies et semer des graines pour la suite.
. Reconnaître le leader en chacun. C’est le principe même de l’intelligence collective. On a perdu une partie de notre capacité à puiser dans nos expériences pour récolter des données en remettant tout dans les mains d’experts. Bien sûr que l’intervention d’experts sur certains domaines est primordiale parce que cela nous fait gagner un temps précieux. Mais à certains moments il est intéressant d’aller chercher une connaissance en interne qui dort sous nos yeux.
. Questionner l’idée de réalité objective. Est-ce que collecter le vécu de chacun permettra de créer une réalité objective de la situation ? C’est probable que non, mais est-ce que véritablement trouver une réalité objective est possible? Et il sera temps dans un second temps, d’aller conforter et approfondir les sujets identifiés par des chiffres et des lectures.
. S’empêcher d’aller trop vite dans le comment. Le comment, c’est comment on va faire sur ce sujet inconnu, est-ce qu’on aura assez d’argent, de temps pour le faire. S’empêcher d’aller dans les actions tout de suite, c’est éviter de saboter les graines à qui on n’aura pas donner une chance d’éclore.
Il y a probablement d’autres objections qui vous arrivent en tête. A vous de voir si ces objections sont réelles et ne permettent pas d’impulser ces conversations et c’est ok comme cela ou si ce sont des pensées issues de fonctionnements qui ne sont plus vraiment utiles pour les défis que vous avez à relever.
Concrètement, comment on s’y prend
La proposition est de garder toute la spontanéité des conversations devant la machine à café mais en les organisant un peu avant.
- Choisir votre ange de recherche : Pourquoi voulez-vous impulser ces conversations. Quelle est votre intention derrière ces conversations ? L’intention, c’est par exemple d’identifier des sujets émergents sur les vacances. Cela peut-être aussi de prendre l’angle plus précis des vacances responsables, et d’aller voir si c’est une réalité ou pas pour vos collègues. Si vous êtes un peu plus nombreux, c’est possible de choisir l’angle des profils (famille, en couple, solo) et d’aller y explorer les besoins non satisfaits. L’intention, c’est avec quoi vous souhaitez repartir de ces conversations.
- Ecrire l’état d’esprit : C’est un esprit de recherche, de curiosité pour s’enrichir. C’est la curiosité de chacun et l’implication de chacun qui seront souhaitées. Il s’agit de bien afficher, que dans un premier temps cela ne donnera pas lieu à des actions à engager de façon immédiate mais que cela doit être vécu comme un immense espace d’inspiration. Il est possible d’ouvrir ces conversations uniquement aux personnes volontaires, de mélanger les services si vous êtes nombreux pour intégrer la diversité….
- Choisir le format de conversation : Les formats de conversations sont nombreux. Le plus important c’est de choisir le format qui vous parle et qui sera facile pour vous à organiser et à animer. Le principe est de converser en petits groupes (max 4, ou 5) pour que tout le monde s’exprime. Ensuite, c’est possible de rassembler en même temps 20 à 30 personnes et de partager à la fin de la séance la récolte de chaque groupe. La durée conseillées est d’1h30 si vous êtes moins de 10 personnes et 2 heures si vous êtes un peu plus.
- Rédiger un déroulé aux petits oignons : préparer deux, trois questions puissantes, suffisamment ouvertes pour ne pas trop induire la réponse. Ensuite par petits groupes de 4, chaque personne du groupe répond à la première question et les autres l’écoutent sans débattre et ainsi de suite jusqu’à ce que tout le monde ait pris la parole. Ensuite on pose la deuxième question puis la troisième (selon le nombre). A la fin, on peut demander à chaque groupe de noter avec quoi, ils repartent de cette discussion et on peut partager ces récoltes en grand groupe pour garder une trace.
- Prendre soin de l’invitation et trouver un lieu sympa : trouver un titre sympa qui sent bon les vacances et bien expliquer à quoi cela va servir (récolter des sources d’inspiration pour les futures actions comme un vaste grenier à idées ) et trouver ensuite un lieu qui donne envie de venir.
- Nommer le jour J des rôles pour faciliter les temps de conversation : un gardien du temps par sous-groupe pour que le temps de parole de chacun soit respecté et un gardien des règles du jeu pour encourager le fait de parler « au je » , de ne pas interrompre celui ou celle qui est en train de parler et de faire preuve de curiosité plutôt que de jugement.
Vous savez tout maintenant pour lancer vos premières conversations.
Je vous souhaite de belles conversations de rentrée légères, inspirantes et inspirées.