Aujourd’hui, nous accueillons Anne-Sophie Latry, Manager Numérique de Destination à l’Office de Tourisme d’Auxerre comme rédactrice invitée. Merci Anne-Sophie!
Pourquoi dire merci quand un smiley suffit ? Pourquoi envoyer une carte postale alors qu’un selfie sur Instagram ravit vos amis ? Pourquoi raconter votre soirée quand vous pouvez la snapchater ?
En somme, pourquoi raconter quand on peut montrer ?
Cette introduction volontairement provocatrice pour amener mon sujet : vous, nous, gestionnaires d’organismes des destinations, devons-nous parler le « pic speech » ?
Né de l’apparition combinée de la mobilité et des réseaux sociaux et décodé par Thu Trinh-Bouvier dans un ouvrage paru en janvier 2015, le pic speech désigne le nouveau langage des générations Y et Z. Ce langage se compose de la photo, des short vidéos, des émoticônes, des selfies, le tout, animé par les émotions de ses créateurs : les ados.
Mettons de côté tout de suite nos réflexions du genre « Oui mais les jeunes ne savent plus écrire » ou encore « ils ont le nez sur leur smartphone toute la journée, ils ne savent plus communiquer…» pour se pencher un instant, plus sérieusement, sur cette cible, que sont nos ados ? Car comme souvent, leurs pratiques sont en fait annonciatrices des usages adoptés petit à petit par le pus grand nombre, et d’ailleurs, maintenant que vous en avez la définition, vous avez découvert que vous aussi vous parliez le pic speech, n’est-ce pas ? 😉
Un potentiel touristique
Il peut alors sembler judicieux d’intégrer ce nouveau langage dans nos stratégies digitales et éditoriales, les DMO ont d’ailleurs pris récemment la mesure de l’impact marketing d’Instagram et de ses images esthétisantes comme en rendent compte plusieurs articles dans ce blog.
Les utilisations de Snapchat, Vine et autre WhatsApp se font plus rare mais leur potentiel touristique devrait-il pour autant être sous-estimé ?
En préparant ce billet, j’ai eu la bonne surprise de tomber sur un article dans ce blog, rédigé Frédéric Gonzalo en novembre 2013, intitulé « Snapchat et le potentiel de l’éphémère ». Encore une preuve s’il en est que ces québécois ont le nez creux ! Frédéric prédisait alors à l’application mobile au petit fantôme qui faisait déjà trembler Facebook, (« un truc de jeunes. Pour l’instant. »), un réel potentiel marketing dans le tourisme. François Perroy confirmait la prédiction dans un article de juillet 2015 et citait au passage les quelques opérateurs touristiques qui commençaient à s’emparer de Snapchat.
Aujourd’hui, où en est Snapchat ?
Snapchat est une application mobile qui permet d’envoyer des messages instantanés, des photos ou des vidéos sur lesquels on peut rajouter texte, dessins, émoticônes. La particularité de Snapchat est que ces messages sont éphémères puisqu’un snap a une durée de vie de 1 à 10 secondes à partir du moment où son destinataire l’ouvre.
L’autre fonction de Snapchat est la « story », composée d’une succession de photos et/ou vidéos ajoutées par l’utilisateur, votre story est visible à volonté pendant 24h.
En juillet 2014, Snapchat lance son « géo-filtre », une fonctionnalité à priori intéressante au point de vue touristique. Concrètement, il s’agit de filtres géolocalisés que chacun peut appliquer sur ses photos ou vidéos
Pour l’instant, ces filtres apparaissent le plus souvent lorsque vous vous trouvez dans une grande ville ou un site majeur (Disney, Le Louvre…). Mais la bonne nouvelle, c’est que Snapchat propose désormais à sa communauté de créer ces filtres, grâce à « Geofilters Community » . Pour la petite histoire, voyez plutôt comment un Lillois de 18 ans a dessiné le géo-filtre de Paris qui se retrouve aujourd’hui sur les photos de quelques millions de touristes 🙂
Depuis l’histoire de Louis, la communauté géofilters a été créée et vous permet de soumettre à Snapchat le (ou les) géo-filtre qui sera proposé à vos touristes snapchaters 🙂
Le site est en anglais mais la méthode est assez simple, vous devez sélectionner sur une carte le secteur sur lequel le géo-filtre sera actif, renseigner un nom, un mail et expliquer rapidement en quoi ce lieu ou cette destination est significative. Télécharger le visuel que vous aurez créé, le plus souvent texte, slogan + pictos ou dessins : « Bienvenue à Auxerre », « I love Meudon »… à vous d’être inventif côté graphisme ! 😀 Sachant que les logos et marques ne sont pas permis.
Une fois le tout validé, vous recevez un mail vous indiquant que la communauté des géofilters va étudier votre proposition et vous serez averti si celui-ci est accepté et activé.
C’est un peu comme si vous aviez la possibilité de proposer à Instagram les prochains filtres que les visiteurs de votre destination pourraient appliquer à leur photo… intéressant non ? Et avec ses 100 millions d’utilisateurs actifs dont 65% publient du nouveau contenu quotidiennement (71% ont moins de 25ans), ça vaut peut-être le coup de s’y pencher 😉
Concrètement quelle utilisation pour les DMO ?
Par les temps qui courent, un média social qui vous assure 10 secondes de parfaite attention de la part de ses utilisateurs me paraît déjà attractif ! C’est le premier effet du caractère éphémère du contenu envoyé via Snapchat.
Je teste moi-même Snapchat depuis septembre 2015 et la création du compte de l’office de tourisme d’Auxerre et voici les premières utilisations que j’ai pu en faire :
- Envoi de Snap proposant un code réduction pour des activités touristiques
- Partenariat avec le club de l’AJA pour faire gagner des places de match : mise en scène d’une story sur le principe « Le premier qui passe la porte de l’Office en criant « Allez l’AJA » gagne les places… (ça vous fait rire ? C’est quand la dernière fois que vous avez vu un individu de moins de 25 ans passer la porte de votre OT ?) 😛
- Publication de stories mettant en valeur la destination (photos et vidéos)
- Publication de stories couvrant un événement (Instameet, Festival…)
Aujourd’hui nos stories sont visionnées en moyenne par une centaine de personnes (ah oui au fait, c’est à peu près la seule « statistique » que vous pourrez obtenir de Snapchat).
J’aurais aimé vous montrer des exemples plus poussés, d’utilisation par des destinations françaises (je ne parle pas des marques qui l’utilisent déjà), mais je reste bredouille.
Bien qu’il ne soit pas touristique, je mentionnerai tout de même le compte de la ville de Toulouse, première ville française à s’être emparée de Snapchat dès septembre 2014 et qui rivalise d’inventivité dans la création de ses stories, la dernière que j’ai pu visionner, présentait aux toulousains la futur ligne de Tram… de manière fun ! La ville de Toulouse annonce elle même sur son (tout aussi excellent) Tumblr : « Nous avons aujourd’hui plus d’interactions sur ce réseau social d’images (éphémères) que sur Instagram : nos story sont davantage vues que nos clichés sur Instagram ».
Le compte Instagram @toulousefr compte 18.000 abonnés.
Alors, si vous le fait chez vous, n’hésitez pas à partager votre expérience en commentaire de cet article 🙂