Le développement de l’intelligence artificielle (IA) apporte des changements significatifs dans de nombreux secteurs, y compris celui du tourisme. Cependant, cette évolution technologique, que l’on subit plutôt que l’on choisit, présente également des contradictions importantes par rapport aux valeurs fondamentales du tourisme. Cet article explore quatre de ces contradictions majeures en essayant d’apporter des solutions pour les atténuer.
Tourisme responsable vs consommation énergétique de l’IA
Le socle environnemental du tourisme responsable vise à minimiser l’empreinte écologique, la production énergétique et la production de GES. En revanche, l’intelligence artificielle, bien qu’utile, consomme énormément d’énergie. Même si Google prédit que l’IA a le potentiel de contribuer à atténuer 5 à 10 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) d’ici 2030, les centres de données nécessaires pour faire fonctionner les algorithmes d’IA sont de véritables gouffres énergétiques. Cette consommation exponentielle d’énergie va à l’encontre des principes du tourisme durable, créant une contradiction flagrante.
Paysages réels vs photos générées par l’IA
Voyager permet de découvrir des paysages réels, de vivre des expériences authentiques et de s’immerger dans des environnements naturels. Cependant, l’IA permet aujourd’hui de générer des images si réalistes qu’elles peuvent parfois surpasser la réalité ! Cette prolifération de photos artificielles risque de créer des attentes irréalistes chez les voyageurs, qui pourraient être déçus par cette fausse promesse et la réalité des paysages qu’ils visitent. Cette dissonance entre l’authenticité des destinations et la perfection, voire l’invention des images créées par IA est une autre contradiction notable.
Authenticité locale vs influenceurs artificiels
Le charme du tourisme réside souvent dans les rencontres et les conseils personnalisés des habitants ou des agents d’accueil dans les Offices de Tourisme. Ces échanges apportent une touche d’authenticité et de personnalisation aux voyages. À l’opposé, on voit naître des influenceurs générés par IA, comme Anne Kerdi sur Instagram dont le réalisme atteint des degrés d’inquiétude si elle était entre de mauvaises mains, à des fins politiques extrémistes par exemple. Elle diffuse des contenus parfaitement calibrés mais dénués de véritable humanité. Les recommandations et les expériences partagées par ces intelligences artificielles manquent de la profondeur et de l’authenticité que seul un humain peut offrir.
Expérience des sites Internet vs réponses instantanées de l’IA
Les sites Internet de destination sont conçus pour offrir une expérience de navigation enrichissante, permettant aux visiteurs de se renseigner, de préparer et de réserver leur séjour. Nombre d’organismes de gestion de la destination (OT, ADT, ART, Atout France, etc.) ont investi des milliers d’euros dans leurs sites Internet identifiés dans une majorité indiscutable comme le socle des stratégies digitales. Cependant, les logiciels d’IA peuvent désormais fournir des réponses instantanées et précises directement dans la même interface où l’utilisateur pose sa question, réduisant ainsi l’intérêt des voyageurs pour visiter les sites Internet. Pourquoi passer du temps à naviguer sur un site Web quand l’IA peut fournir directement toutes les informations nécessaires ? Cette simplification extrême, bien que pratique, peut nuire à l’engagement des visiteurs avec les sites de destinations.
Comment atténuer ces contradictions ?
Avant de donner quelques pistes de solutions, et non sans ironie, ces contradictions représentent également une manne pour les consultants du tourisme qui se ruent sur l’utilisation de l’Intelligence Artificielle dans le tourisme, à juste titre compte tenu du potentiel ! Force est de constater qu’ils se retrouvent eux-mêmes tiraillés entre la promotion de solutions technologiques innovantes et le maintien des valeurs traditionnelles du secteur. Une situation qui, avouons-le, offre de belles opportunités d’exercer leur talent pour l’équilibrisme professionnel ! De consultant à funambule, il n’y a qu’un pas.
Plus sérieusement, pour atténuer ces contradictions et les rendre plus acceptables et cohérentes, plusieurs solutions peuvent être envisagées :
- Énergie verte pour l’IA : Pour les développeurs de l’Intelligence artificielle, comme pour les organismes de gestion des destinations, investir dans des centres de données alimentés par des énergies renouvelables afin de réduire l’empreinte carbone de l’IA.
- Transparence des contenus : Encourager l’utilisation de labels ou de marques indiquant si une photo a été générée par l’IA, afin de maintenir des attentes réalistes et d’être transparent vis-à-vis du visiteur.
- Complémentarité Humain-IA : Combiner les conseils locaux authentiques et les suggestions des IA, afin d’offrir le meilleur des deux mondes aux voyageurs, tout en identifiant les sources.
- Expérience Interactive : Améliorer les sites de tourisme pour qu’ils offrent des expériences interactives et immersives qui ne peuvent être remplacées par une simple réponse d’IA. Les organismes de gestion touristiques en ont-ils les moyens ? Une autre solution serait à minima d’intégrer dans les solutions d’IA, un lien vers la source de la principale information.
En mettant en œuvre ces solutions, il serait possible de tirer parti des avantages de l’IA tout en respectant et en respectant les principes fondamentaux du tourisme. Il y a du boulot !
PS : Excepté ce dernier paragraphe, cet article a été écrit avec l’aide de l’Intelligence artificielle, via un promt qualifié, par un auteur non moins qualifié mais tiraillé dans ses propres contradictions sur l’écriture artificielle.
La pluralité des plumes humaines versus l’homogénéité d’une pensée artificielle unique ?
Le développement de la pensée et de l’intelligence humaine par l’écriture versus l’assistanat abrutissant de l’intelligence artificielle ?
L’écriture de contenus humains à valeur ajoutée versus l’infobésité des productions artificielles à faible valeur ajoutée ?
La recherche permanente de la productivité versus un retour à écouter ses propres capacités sans vouloir les démultiplier au service d’un système productiviste à outrance, pour qui, pourquoi ?
Ce pourrait être aussi le sujet d’un prochain article !