Capitaine Train est une jeune startup dont le leitmotiv est de “révolutionner l’achat de billets de train” en proposant le meilleur service pour la réservation de billets en un minimum de temps. Elle a été récemment récompensée dans la catégorie « Jeune pousse » lors des Travel d’Or 2013. Au delà du contexte politique d’ouverture à la concurrence du transport ferroviaire en Europe et du paquet ferroviaire, comment se positionne Capitaine Train, quels sont les services proposés par le site ?
En avril dernier, Voyages-sncf.com faisait la une de l’e-tourisme lors d’une conférence de presse qui annonçait d’une part le déploiement de son offre dans toute l’Europe, d’autre part de nouvelles innovations dans le numérique que ce soit en matière de préparation de voyage, de réservation et de billet dématérialisé. L’actualité est moins récente mais la SNCF s’est engagée auprès de l’Autorité de la Concurrence en 2009 à traiter toutes les agences de voyages à égalité avec sa filiale Voyages-sncf.com notamment sur la commercialisation de toutes ses offres promotionnelles, une connection facilitée à son système de réservation et l’impression des billets de train par les internautes. Capitaine Train est un site Internet de vente de billets de train connecté à l’offre de la SNCF sous contrat d’accès aux systèmes de réservation. On ne parlera donc pas ici d’Open Data au sens strict du terme, d’autant que la SNCF propose en parallèle une plate-forme bêta de données ouvertes qui regroupe principalement les connections, horaires et services sans les données commerciales nécessaires pour la vente de billet.
En termes de réservation, Capitaine Train ne dispose pas encore d’une application officielle mais seulement d’un site Internet qui garde les mêmes proportions quelque soit le terminal de lecture. Au stade Geoffroy Guichard de Saint-Etienne, cité emblématique du design qui trouve un écho jusque sur le site web de l’Office de tourisme, on sifflerait hors-jeu sur les préconisations relatives aux enjeux du multi-écran et du responsive design. Restons fair-play, puisque sur son blog à la plume plutôt décontractée, Capitaine Train reconnaît humblement que l’expérience d’achat en mobilité n’est pas encore optimale et déclare continuer à travailler sur des applications mobiles natives pour iOS et Android. Faute avouée, à demi sanctionnée. En revanche les possesseurs de tablettes peuvent faire la ola, depuis quelques jours le site de Capitaine Train est maintenant compatible avec les iPads et les tablettes Android.
La révolution amenée par le mobile dans le transport réside entre autres dans la dématérialisation du billet. Plus besoin d’attendre de le recevoir par la poste, avec le risque de ne jamais le recevoir. Ni de l’imprimer en borne, pour peu que vous en trouviez une qui ne soit pas hors service. Ni même de le retirer au guichet le jour du départ, en maudissant la file d’attente devant vous qui risque de vous faire manquer votre train ou le préposé qui ferme le guichet à votre nez et barbe. Votre billet est désormais dans votre mobile, disponible hors connection Internet, votre seule préoccupation sera d’avoir suffisamment de batterie pour présenter votre billet dématérialisé dans votre téléphone au contrôleur qui va le scanner avec sa douchette tel le poinçonneur des temps modernes. Terminés les p’tits trous – Des trous de seconde classe, des trous de première classe. Gainsbourg enfin exaucé : le Poinçonneur des Lilas va enfin pouvoir rejoindre son grand trou. Charmant.
Ainsi la dernière mise à jour de l’application Voyages-sncf.com propose le m-billet pour les voyages TGV et Intercités (ex trains Corail), elle est disponible sur la plupart des terminaux équipés iOS et Android sur smartphone, tablette, Blackberry et Windows Phone. Pour l’anecdote, Capitaine Train avait grillé la priorité à la filiale de la SNCF avec la génération de billets dématérialisés en codes-barres quelques semaines auparavant. Sans application officielle, le principe d’utilisation nécessite le téléchargement d’une application tierce pour centraliser vos passes, coupons et cartes de fidélité telle la native Passbook pour iPhone ou la non-officielle PassWallet pour Android. Vous recevrez sur l’application un pass avec un code-barres qui permettra au chef de bord de scanner et contrôler votre billet. Ultime solution, il est aussi possible de présenter au contrôleur le code-barres de la confirmation e-billet (le fichier PDF que vous aurez reçu par email) directement sur l’écran de votre smartphone. Un bémol tout de même dans la stratégie des développements, on a l’impression que Capitaine Train a mis la charrue avant les boeufs avec le lancement du m-billet. En effet, assez naïvement, on peut penser que les premiers bénéficiaires du m-billet seront les utilisateurs de smartphones. Hors en l’état le site de réservation se lit parfaitement sur les ordinateurs de bureau et plus récemment sur tablettes, ce qui n’est pas le cas sur smartphone où l’expérience de réservation est loin d’être optimale. Gageons que les applications de Capitaine Train sortent rapidement pour assurer la continuité de services qui fait tout de même aujourd’hui défaut.
Quoiqu’il en soit et pour conclure, grâce aux données de réservation fournies par la SNCF, c’est l’ensemble de cet écosystème mobile du transport qui est gagnant :
- La SNCF dont l’objectif premier est de remplir ses trains même si elle préférerait certainement vendre ses billets directement via sa filiale et sans intermédiaires.
- Capitaine Train qui se rémunère exclusivement sur les commissions reversées par les transporteurs.
- Sans oublier évidemment le client qui bénéficie de toujours plus de fonctionnalités dans cette course à l’innovation.
NDLR : Comme référence au titre de l’article et pour démarrer la journée avec une dose de bonne humeur, notamment pour les courageux et courageuses qui n’ont pas la chance de faire les viaducs de mai, réjouissez-vous avec le clip aux couleurs délavées du mythique et déjanté Captain Sensible qui ne laissera certainement pas vos zygomatiques Insensibles et reprenez tous en chœur pour vous donner justement du cœur à l’ouvrage : He said Captain’, I said wot !