Après quelques semaines de travail éprouvantes et intenses en émotions, je vous partage ici un rapide regard subjectif sur cette expérience inédite.
Quelle étrange période ! Claquemurés dans nos logis, le repli sur son quant-à-soi semblait inéluctable devant la gravité de la pandémie. Pourtant, il me semble bien avoir revu et croisé bien plus de gens en deux mois de confinement que durant les six derniers mois de « l’avant ».
Au niveau personnel, jamais autant discuté avec mes amis autour d’innombrables apéros. Ne mentez pas, vous aussi j’en suis sûr 😉
Au niveau professionnel ce temps suspendu par le virus couronné m’a paru extrêmement fécond grâce à toutes ces rencontres sur la planète Zoom. Pas une journée sans un web séminaire, une causerie inspirante, une conf’ confinée, une formation à distance, voire même un voyage dans une fusée (ou un avion je ne sais plus) (si, si), etc.
Des idées qui émergent ou qui progressent, des gens qui s’écoutent, des virages qui s’amorcent, des liens qui se resserrent pour de nouvelles solidarités, les réseaux ont trouvé un second souffle dans cette tourmente sanitaire, sociale et économique. Et tout ça grâce à la technologie qui nous permet la visio-conférence.
Que restera-t-il de tous ces échanges dans quelques mois ? Peut-être rien ou si peu… Peut-être la concrétisation de nouveaux projets, de nouvelles méthodes plus collaboratives, des échanges plus fréquents avec la visio… Peut-être plus de sens et de convictions aussi…
En s’éclairant du passé, on peut être raisonnablement optimiste en constatant que toutes les crises majeures au cours de l’histoire ont été le berceau de nombreuses innovations et le déclencheur de progrès sociaux.
Alors que s’ouvrent nos nouvelles aires de déambulation parfaitement circulaires de 100 km (du moins si vous n’êtes pas adossés à une frontière étanche…), les acteurs du tourisme institutionnel se confrontent à un contexte inédit avec finalement peu d’hypothèses solides quant à la demande. Par exemple, prenons les deux antiennes qui forgent la doxa actuelle :
- une préoccupation sanitaire prépondérante ?
Un diagnostic simple allié à un traitement efficace de la maladie, voire un vaccin réduiraient rapidement et de manière significative cette angoisse. - un tourisme essentiellement de proximité ?
Il faut se dire que c’est déjà le cas pour une majorité de territoires. Dès juillet, la cible sera élargie à la France entière. On sera déjà sur de la proximité très « élargie ».
D’autre part, les frontières s’effaçant à nouveau, des offres agressives de pays lointains vont mécaniquement saturer notre espace de communication et pourraient faire voler en éclat les quelques bonnes résolutions de nos compatriotes…
Bref on ne sait qu’une chose, c’est qu’on ne sait pas grand chose ! Mais cette crise sans précédent nous fait surtout ressentir que nous sommes tous un peu secs devant la nécessité de « produire » demain une offre de loisirs et de découverte nouvelle sur des bases de consommation différentes, moins gourmandes en énergie, plus respectueuses des sites et des milieux, et ce alors même que le désir d’ailleurs restera ancré en nous pour chaque temps libre.
Il faudra en quelque sorte réussir à donner ce goût de l’ailleurs à des offres de proximité. C’est je crois ce sur quoi la plupart des destinations travaille aujourd’hui.
Cette crise sanitaire représente finalement une opportunité pour faire le pari d’une transformation du tourisme qui paraît inévitable au regard du réchauffement climatique en cours.
Et ce n’est pas un pari « pascalien » ! Pour mémoire Pascal pariait que Dieu existait, car grosso modo, si dieu n’existait pas, c’était pas grave, alors que s’il existait vraiment, faire le pari inverse vous condamnait nécessairement à l’enfer ! (En passant, c’est exactement la mécanique intellectuelle des complotistes de tous poils…)
Pour notre sujet, tout porte à croire que l’échec du pari serait objectivement irrémédiable…
Le manifeste pour un plan de transformation du tourisme des Acteurs du Tourisme Durable offre une première grille de lecture pour comprendre les enjeux et les perspectives.
Ce « nouveau » tourisme serait ontologiquement différent de « l’ancien ». Dès lors, pourra-t-on/devra-t-on encore parler de « tourisme » ? Là aussi soyons inventifs !