Une priorité nationale : l’apéro !

Publié le 5 octobre 2022
4 min

1077 offices de tourisme en France, plus de 10 000 salariés et pourtant peu d’apéros énoncés dans les sites web des destinations ! A quelques jours des ET18, autant appréciées pour la qualité de leurs échanges que pour leur esprit joueur, il me fallait lancer l’alerte. Il en va de la réputation de la France, de ses pays, de ses cafés et de ses offices de tourisme que le monde entier nous envie. Il s’agit d’une cause nationale. Défendre et ériger l’apéro en priorité absolue, voilà l’enjeu de cet article.

Il paraît qu’à la fin de sa vie, on repasse en boucle quelques grands faits saillants qui ont contribué, un peu, voire beaucoup, à la maison commune. Il est possible que tard dans mon Ehpad, trinquant à la vie, je me souvienne de mon engagement pour les bistrots et désormais pour les apéros. Qu’est-ce qu’un apéro ? C’est d’abord une contraction d’un mot répandu, l’apéritif. Il s’agit de la mise en valeur d’une pratique sociale synonyme de joie, de partage, de fête, de bons mots, de saveurs, dans un esprit joueur. On peut aussi lui reconnaître des capacités d’engagement à la discussion. L’esprit d’ouverture qui sied à toute bonne culture tient autant à l’apéro qu’aux bonnes manières et au travail de production et de transmission d’idées et d’informations. Cafés, bars, terrasses, pubs, bistrots, guinguettes, devant la caravane, au cul du camion, à la pétanque, il y a tant de manière de s’engager dans des symposiums et libations de bon goût, au profit des apéritifs les plus variés.

Mais voilà que l’observation des sites web des destinations de France m’alerte sur le fait qu’il faut gratter férocement pour trouver où et comment boire l’apéro dans vos destinations. Si la France n’est plus l’Apéro-Land qu’elle fut pendant des décennies, alors que devient-elle ? Une zone d’activités commerciales ? D’urgence, il me paraît indispensable que vous vous repreniez en main et créiez une rubrique autour de l’apéro. Que d’histoires autour de l’apéro : moments vécus, moments rêvés, échecs relativisés, succès célébrés, simples anecdotes revisitées… Le tourisme sans l’apéro n’est plus que l’ombre de lui même. Tel un furtif du dimanche soir il s’échappe à l’ombre d’un verre vide. Car c’est de Suisse qu’est venue l’alerte, du canon de Vaud, avec son Vpéro exemplaire souligné par nos amis Québécois du Réseau de Veille Tourisme. Ces coquins sont en train de nous griller à l’apéro ! Il faut relever le défi.

Apero-land

Il faut donc créer au moins une rubrique et l’alimenter d’articles éditoriaux car pour les offres, votre SIT fera bien l’affaire. Quelques suggestions d’approche :

  • L’Apéro-Parc : lister les endroits et les positionner sur une carte, avec force renseignements sur les horaires, les us et coutumes…
  • La terre d’apéros : vos productions locales, vins, bières, autres boissons joyeuses, terroir, savoir-faire, patrimoine, étiquettes, gens célèbres..
  • L’apéro des pépés et des mémés : géographie des lieux, recettes, rencontres générationnelles, recettes d’accompagnement…
  • L’Apérotour : à la manière espagnole, « ir de copas », autrement dit partir en exploration soit dans la destination, de préférence à pied, soit autour de la même table, mais en variant les découvertes. Cet Apérotour peut tenir de la plus haute exigence, à la fois apéritive et touristique…

A quoi cela sert-il ? D’abord c’est un sujet de défense patrimoniale qui n’accepte aucune question. Ensuite, un peu de culture vous apprendra que l’apéritif est une cause européenne. Tous les marchés du continent et des îles associées prennent l’apéro. La preuve c’est que le mot est traduit et compris dans toutes les langues. Seule la graphie cyrillique peut poser quelques problèmes d’approche, mais le liant européen est indéniable sur le sujet. Qu’on en juge par cette publication édifiante ! Vous pourrez arguer dans vos comités de direction que vous oeuvrez à la fois pour l’attractivité de votre destination et pour l’apport de clientèles internationales et affinitaires.

Maintenant, il nous faut assumer la faiblesse de notre position. J’oeuvre partout en France, parfois ailleurs en Europe, et c’est bien la première quête qui m’occupe une fois que je suis arrivé à destination et que j’ai pris possession de mon logement : où boire un verre sympathique ? Certaines destinations y vont franco de port et soit je vais retourner les visiter, soit je vais promptement les réserver. Brighton au Royaume-Uni tient la route. Bristol a des qualités indéniables. En clair, les Britanniques savent y faire.

Toulouse se la joue modeste, je m’attendais à mieux. Le Pays basque se défend plutôt bien, même si là j’ai préféré une démarche privée : un apéro escape game. Honnêtement, je m’attendais à bien mieux des Bretons. Pas de réponse sur le site de l’office de tourisme de Brest (j’y ai pourtant passé une soirée en juillet et y’avait matière). Rennes se tient mieux mais Dinan Cap Fréhel relève le niveau.

Mais c’est à Dunkerque que j’ai trouvé le meilleur soutien à la cause ! Des propositions sympas, de la joie assumée, un vrai parti pris. On peut aussi présenter les choses plus dignement comme Chamonix avec son Festival Casse-Croûte, mais on s’éloigne franchement du sujet 🙂

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François Perroy est aujourd’hui cofondateur d'Agitateurs de Destinations Numériques et directeur de l’agence Emotio Tourisme, spécialisée en marketing et en éditorial touristiques. Il a créé et animé de 1999 à 2005 l’agence un Air de Vacances.  Précédemment, il a occupé des fonctions de directeur marketing au sein de l’agence Haute Saison (DDB) et de journaliste en presse professionnelle du tourisme à L’Officiel des Terrains de Camping et pour l'Echo Touristique. Il [...]
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