À l’heure où l’urgence climatique impose une révision complète de nos modes de consommation, le tourisme se retrouve (une fois de plus) au cœur d’un débat. Vous l’aurez vu passer, la compagnie low-cost WIZZ AIR lance un pass « vols à volonté ». Alors que le secteur pèse en France 11% de GES dont 41% juste pour l’aérien, les compagnies poussent au « toujours plus », au détriment de la planète…
Impact du low-cost sur le tourisme durable
Les compagnies low cost, en promouvant des tarifs ultra-compétitifs, facilitent le tourisme massifié d’une élite et aggravent les défis environnementaux. Leur modèle d’affaires privilégie en effet la rentabilité immédiate au détriment de la durabilité à long terme. D’ailleurs on parle de bons plans, mais comme le rappelle Linda Laine, ces campagnes promo sont à bien décortiquer car les frais supplémentaires grimpent très vite.
Ces compagnies aériennes jouent en effet un rôle significatif dans la promotion du fast travel :
- Tarifs très bas : billets d’avion à des prix extrêmement réduits, ce qui rend le voyage plus accessible mais entraîne une surconsommation des destinations touristiques.
- Promotion de destinations éloignées : les campagnes marketing mettent souvent en avant des destinations « exotiques » et long courrier, ce qui encourage les voyageurs à choisir des options de transport rapide et peu coûteuses (mais carbonées).
- Fréquence élevée des vols : la multiplication des offres de vol à bas prix conduit à une augmentation du nombre de trajets aériens, aggravant ainsi l’empreinte carbone des voyageurs.
- Réduction des coûts au détriment de la durabilité : moins d’investissements dans les technologies écologiques et pratiques non durables à bord (déchets, énergie).
Slow tourisme vs fast travel : David contre Goliath ?
Contrairement au slow tourisme, qui met l’accent sur l’immersion culturelle, la découverte en profondeur, et le respect de l’environnement, le « fast travel » se réfère à une manière de voyager qui privilégie la rapidité et la quantité d’expériences sur la profondeur et la qualité.
- Itinéraires denses et précipités : les voyageurs cherchent à cocher un maximum de lieux ou d’attractions en peu de temps. Les visites sont souvent courtes, et les interactions avec la culture locale limitées.
- Transports fréquents et rapides : utilisation intensive des transports rapides, type vols internes, qui entraînent une empreinte carbone plus élevée.
- Expérience superficielle et « instragrammabilité » : l’accent est mis sur la consommation de « hot spots » touristiques, sans réelle immersion dans la culture locale.
Rôle des influenceurs et influence destructrice
Certains influenceurs, en glorifiant les voyages low cost via des jeux concours, contribuent à banaliser une pratique insoutenable d’un point de vue écologique. Les contenus sponsorisés et leur promotion incessante de destinations lointaines, mettent mal l’écologie et occultent les initiatives portées par les professionnels. Les influenceurs doivent être conscients de la portée de leur message. En minimisant les conséquences écologiques de leurs recommandations, ils participent à une surconsommation des ressources naturelles.
Il est temps de repenser les stratégies de marketing touristique, en favorisant des partenariats avec des influenceurs engagés dans la promotion d’un tourisme éthique et respectueux de l’environnement. Il est crucial de mettre en avant des formes de tourisme plus responsables, qui privilégient la lenteur, la découverte en profondeur, et la réduction de l’empreinte carbone.
J’ai regardé les principaux influenceurs (en nombre d’abonnés) proposé par Favikon et le type de contenu mis en avant. Sans véritable surprise (sauf pour Maltor), on est sur un appel à la surconsommation, à la rapidité, faire 3 pays en 2 semaines. On découvre aussi dans ce classement, l’ancien ministre des transports Djebbari, pro jets privés comme révélé dans l’émission Complément d’enquête.
Quand notoriété rime avec responsabilité
Heureusement, des bonnes initiatives se multiplient dans ce sens. Bravo au collectif « Itinéraire Bis » qui vise à créer de nouveaux imaginaires autour du voyage, plus local et moins impactant. Comme le rappelait Nicolas Breton des éditions Viatao, tapez « voyage » sur Google images, vous verrez des avions et destinations exotiques. Et nos pépites locales dans tout ça ?
Bravo aussi à Bruno Maltor, 1e bloggeur voyage avec son virage local et décarboné !! Il est même l’ambassadeur du référentiel de l’influence responsable proposé par l’ARPP (autorité de régulation de pub professionnelle). L’autorité invite les professionnels à :
- Présenter avec précision les actions et propriétés écologiques des annonceurs.
- Adhérer aux principes des Objectifs de Développement Durable de l’ONU.
Leurs recommandations s’appliquent à toutes les publicités associant des arguments écologiques, sociaux ou économiques au développement durable :
- Éviter de promouvoir des pratiques nuisibles à l’environnement, ou d’encourager des modes de consommation excessifs, ou présenter des conditions de travail inappropriées.
- Les contenus doivent être véridiques, proportionnés aux actions entreprises, et bien justifiés par des preuves objectives.
Bref, face à la crise écologique, il est impératif de repenser notre manière de voyager. Les pros, compagnies de transports, influenceurs, en tant que prescripteurs de tendances, doivent s’engager pour un tourisme plus lent et décarboné.
Pour aller plus loin
- Classement des influenceurs voyage par Métricool (qui si cool que ça d’ailleurs) : https://metricool.com/fr/influenceurs-voyage/
- Le rapport de Green Peace sur l’impact du placement de produits des influenceurs à l’heure de la sobriété : https://www.greenpeace.fr/espace-presse/rapport-les-influenceurs-voyage-et-les-publicites-du-secteur-aerien-a-contre-courant-de-lurgence-climatique/
- Les membres du collectif Itinéraire Bis (Chilowé, The Other life, Komot, Railcoop, …) : https://www.itinerairebis.eco/annuaire
- Le référentiel de l’influence responsable par l’ARPP : https://www.arpp.org/influence-responsable/