Welcome City Lab : première promotion, premier bilan

Publié le 27 février 2015
6 min

Annoncé officiellement le 21 mars 2013 lors du Salon Mondial du Tourisme à Paris, le Welcome City Lab n’a véritablement pris forme qu’avec l’installation de l’incubateur dans ses locaux actuels, dans le quartier de St-Germain-des-Prés, le 12 mai 2014.

C’est donc autour de cette date qu’a débuté l’incubation de la première promotion des 30 premières start-up du Welcome City Lab. Celles-ci sont réparties en deux catégories :

  1. Pour les plus jeunes, celles qui viennent à peine de se créer, on parle d’ « incubation d’amorçage », d’une durée de 12 mois. Leurs principaux challenges consistent à valider (ou ajuster) le modèle économique théorique sur lequel elles ont basé leur business plan, à tester leur produit en grandeur nature (« proof of content ») et à rechercher leurs premiers clients.
  2. Pour les plus « mûres », celles qui ont moins de quatre ans d’existence, on parle d’ « incubation de décollage », d’une durée de 24 mois. Leurs principaux challenges consistent à lever des fonds pour pouvoir accélérer leur croissance, faire face aux investissements matériels et immatériels qu’elles doivent réaliser, et pouvoir recruter ; elles sont également dans une problématique d’internationalisation et d’export de leurs produits.

L’incubation consiste en trois principaux services :

  • L’hébergement dans nos locaux – contrairement au modèle des accélérateurs, l’hébergement est obligatoire car notre modèle est basé sur la présence physique des créateurs d’entreprise, afin de susciter les synergies ; cet hébergement répond au besoin vital de la plupart des entrepreneurs de briser l’isolement dont ils souffrent ; il se concrétise notamment par des « séances de co-développement », qui consiste à faire travailler les start-up sur des thèmes communs, ce qui les amène ensuite à collaborer plus aisément.
  • Le coaching et l’accompagnement des start-up au quotidien, sur tous les aspects vitaux pour leur développement : marketing, prospection commerciale, recrutement & gestion des relations humaines, expérimentation & test de produit, communication digitale, communication orale & présentation de format pitch, recherche d’investisseurs, maîtrise de bases juridiques de la création d’entreprise.
  • La création d’un véritable écosystème de l’innovation touristique, perméable aux influences et aux contributions extérieures, à l’origine de la création d’un réseau professionnel foisonnant, ce qui a fait du Welcome City Lab une véritable ruche, où l’on vient trouver du contenu, des contacts, des idées.
  • Nous touchons à la fin de cette première promotion de start-up en amorçage, qui aura le choix d’ici un mois et demi entre quitter l’incubateur ou passer en incubation de décollage.

A l’heure du recrutement de la deuxième promotion, pour lequel nous avons reçu 107 dossiers de candidatures – un record, il est intéressant de dresser un premier bilan de cette première promotion d’entrepreneurs du tourisme, et plus globalement de cette belle aventure collective.

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Concernant la durée de vie des start-up, nous n’avons à déplorer le désistement que d’une start-up sur trente. Le taux d’abandon est donc inférieur à la moyenne qui oscille entre 5 et 10% dans les incubateurs. Par ailleurs, deux de nos start-up ont été vendues à des entreprises (une française, une anglaise), dans une logique d’intégration horizontale.

En termes de création d’emplois, critère éminemment stratégique, on évalue à ce jour à 75 le nombre d’emplois créés par cette promotion, avec une moyenne de 1,5 emploi par start-up en amorçage et de 3 emplois par start-up en décollage.

En termes de levée de fonds, plus de 4,5 millions d’euros ont été récoltés aujourd’hui par cette promotion. De nombreuses levées de fonds en cours de négociation pourraient faire sensiblement évoluer ce score prochainement. 

En termes d’internationalisation, les débuts sont encore timides et se limitent à l’Europe. Cela fera certainement partie des améliorations sur lesquelles le Welcome City Lab devra porter ses efforts à l’avenir, d’autant plus que la Maire de Paris a donné l’objectif d’accueillir 30% de start-up étrangères dans nos effectifs d’ici 2018.

Sur le plan de la collaboration avec les grands groupes du tourisme, notamment avec les huit fondateurs du Welcome City Lab, la situation est contrastée : la moitié d’entre eux ont développé des collaborations avec une dizaine de start-up de l’incubateur. Celui doit être mesure de sensibiliser les industriels du tourisme au monde des start-up. Souvent, tout est à construire : il faut leur apprendre à parler le même langage, se familiariser avec les codes d’une autre génération (les fameux Y, pour les start-ups), savoir passer par la technique de l’expérimentation avant de s’engager plus loin, etc.

Le cœur de la collaboration entre l’incubateur et les grands comptes passe par la réalisation de « Demo Days ». A partir d’une analyse fine des problématiques d’innovation de chaque Direction, le Welcome City Lab identifie sur le marché les start-up qui apportent des réponses concrètes à ses problématiques. Puis il organise un workshop professionnel où les uns et les autres apprennent à se connaître et peuvent initier des partenariats. Pour ce faire, l’incubateur puise dans une ressource importante, à savoir un fichier de plus de 1.000 start-up, réparties dans toute la France et dans les pays limitrophes, qui l’ont contacté depuis sa création.

Sollicité par de nombreux autres groupes pour se familiariser avec l’univers des start-up, le Welcome City Lab est devenu peu à peu une véritable plateforme de rencontres et d’échanges sur tous les sujets en lien avec l’innovation dans le tourisme urbain : loisirs / affaires / évènementiel.

Au-delà de son métier d’incubateur, nous avons mis en place un programme d’animations relativement pointues qui visent à donner des clefs aux problématiques concrètes rencontrés par les professionnels. Plus de 70 évènements gratuits, ouverts à tous, ont eu lieu depuis mai dernier : des conférences d’experts, des ateliers pratiques, des moments d’échanges et de réseautage (petit déjeuner laboratin, la tablée, etc). Près de 1.300 personnes y ont participé. L’effet réseau fonctionne à plein.

Conçu comme un lieu ouvert à ses pairs, le Welcome City Lab reçoit régulièrement les réunions / conseils d’administration / débats de réseaux professionnels du tourisme : les chargés du tourisme des DIRECCTE, l’Association des Journalistes du Tourisme, l’Association Francophone des Experts et Scientifiques du tourisme, l’Institut Français du Tourisme, le Comité Bougainville, le Club Tourisme & Management, Femmes du Tourisme, Marco Polo, le Skal Club, Travel Massive, etc.

Il a également reçu de nombreuses visites de délégations d’autres territoires touristiques français, curieux d’étudier le modèle mis en place : Bas-Rhin / Strasbourg, Rhône-Alpes, Nord-Pas-de-Calais, Champagne-Ardenne, Pays de la Loire, Riviera / Côte d’Azur, Languedoc-Roussillon, Nîmes, Nancy, Clermont-Ferrand, etc.

Il a également accueilli des délégations étrangères, intriguées par cette innovation très Frenchie mais qui pourrait finalement inspirer d’autres destinations mondiales : Mexico, Montréal, Shanghai, Tokyo, Singapour, Dakar, Amsterdam, Valence, Budapest, etc.

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Pour conclure sur ce premier bilan, si le Welcome City Lab a trouvé rapidement sa place dans l’écosystème, c’est parce qu’il a sans doute répondu au bon moment à l’arrivée massive de nouveaux types d’acteurs répondant aux immenses potentiels d’un marché touristique que les acteurs traditionnels n’ont pas été capables d’anticiper, d’observer ou d’accompagner.

Les principales clefs de son modèle sont l’importance du partenariat public / privé, pierre angulaire de sa gouvernance et de l’équilibre de son budget, le mécanisme de financement des start-up qui associe de près BPI France, sa cohérence avec les orientations stratégiques de la Ville et de l’Office du Tourisme et des Congrès de Paris, les aspects pointus de son programme d’animations, la sensibilisation des grands comptes au codes de l’innovation, et la conception d’un lieu ouvert à tous les professionnels en quête de réponses, de contacts ou d’idées.

Le temps d’avance que Paris a su prendre en créant le premier incubateur touristique au monde, la France ne pourrait-elle pas le prendre demain par la création d’un réseau national d’incubateurs du tourisme, et par le pilotage d’un réseau international ?

Le défi à relever, passionnant, ne devrait pas manquer d’inspirer quelques initiatives prochainement.

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Laurent Queige, 45 ans, est un professionnel du tourisme et du marketing. Après des études à Sup’ de Co. Montpellier et un master en tourisme international, il a travaillé comme guide accompagnateur de groupes, puis agent de voyages à Via Voyages, puis attaché de presse à Maison de la France (Italie), puis consultant en marketing et aménagement dans le cabinet-conseil Setel France, puis chargé du Schéma Régional du Tourisme 2000 [...]
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